Ota BENGA
Ota Benga est alors exhibé à Saint-Louis dans un véritable « zoo humain », avant de participer, avec une centaine d’autres « indigènes », à des olympiades particulières.
En 1904, le jeune pygmée Mbuti Ota Benga est capturé au Congo, après que sa femme et ses enfants aient été tués, puis vendu à Samuel Phillips Verner, homme d'affaires et missionnaire américain. Ota Benga est alors exhibé à Saint-Louis dans un véritable « zoo humain », avant de participer, avec une centaine d’autres « indigènes », à des olympiades particulières : les Jeux anthropologiques. Si l’objectif officiel est de vérifier leurs réelles capacités physiques dites « naturelles », il existe une volonté plus implicite de rendre évidente aux yeux du monde la supériorité de la « race blanche » sur les « sauvages ».
Ces « étranges compétiteurs » (Sioux, Pawnees, Aïnous, Cocopas, Syriens, Patagoniens, Zoulous, Pygmées, Moros, Igorots…) s’affrontent pendant deux journées dans le cadre de disciplines dont ils ignorent tout, de la pratique au règlement. Les Pygmées sont présentés comme « malicieux » et ne prenant rien au sérieux, excepté leurs jeux traditionnels. Malgré leur dignité, leurs piètres performances sportives sont raillées eu égard aux potentialités attendues, surtout lorsque Ota Benga et ses compagnons pygmées succombent à l’un de leurs « passe-temps » : le lancer de boue. Largement relayé par la presse, ce spectacle contribue à légitimer l’idée qu’il est normal d’imposer le modèle américain partout dans le monde car, comme le déclare l’homme politique américain Henry Cabot Lodge aux étudiants d’Harvard en 1896 : « Le temps consacré aux compétitions athlétiques et les blessures subies sur le terrain de sport font partie du prix que la race anglophone a payé pour être la conquérante du monde. »
La piètre performance d’Ota Benga au lancer du poids de 7 kilogrammes à 3 mètres, associée à celle de son compère Lamba, qui termine dernier à la course du 100 yards, en plus de 14 secondes, sont qualifiées par le rapport officiel comme « vraiment ridicules » et « prouvent de façon concluante que le sauvage n'est pas l'athlète naturel que l’on a bien voulu nous faire croire ». Deux ans plus tard, Ota Benga est exposé dans le zoo du Bronx par le docteur William Hornaday en compagnie de chimpanzés, d’un orang-outan et d’un gorille, sous l’appellation de « vieux ancêtres de l’homme ». Libéré après l’intervention de militants africains-américains, Ota Benga est alors placé dans un orphelinat, puis accueilli en Virginie où il reçoit une éducation américaine. Comprenant que son retour en Afrique est impossible du fait du déclenchement de la Première Guerre mondiale, il se suicide en 1916, âgé seulement d’une trentaine d’années.
OTA BENGA EN VIDÉO