Photos L’escrimeuse Judy Guinness [Grande-Bretagne] avec la coupe Debrez à l’Académie d’escrime Bertrand à Londres, photographie, 1932.
L’escrimeuse Judy Guinness [Grande-Bretagne] avec la coupe Debrez à l’Académie d’escrime Bertrand à Londres, photographie, 1932.
© Austrian Archives/Imagno/Getty Images

Judy GUINNESS

Judy Guinness fait preuve d’un fair-play remarquable : alors que les juges la déclarent victorieuse, elle leur mentionne deux touches de son adversaire non comptabilisées.

Heather « Judy » Guinness est une escrimeuse née à Dublin en 1910, alors que la ville est encore sous occupation britannique. Son père appartient à l’élite sociale et économique de la ville : il dirige la Great Northern Railway, la Bank of Ireland et la fameuse brasserie Guinness, fondée par sa famille. Il sera nommé sénateur en 1922 dans le premier gouvernement indépendant irlandais. Éduquée dans un milieu social très favorisé, sœur cadette de quatre enfants, Judy Guinness apprend l’escrime, comme beaucoup de jeunes filles de l’élite européenne de son époque. Elle s’entraîne auprès d’un maître d’armes français et se qualifie, à l’âge de 21 ans, pour les Jeux Olympiques de Los Angeles, dans l’équipe britannique.

Le 4 août 1932, elle arrive en finale, après l’élimination des 15 autres candidates, et rencontre la jeune Autrichienne Ellen Preis. Elle fait preuve d’un fair-play remarquable : alors que les juges la déclarent victorieuse, elle leur mentionne deux touches de son adversaire non comptabilisées. Elle perd ainsi la première place et doit se contenter de la médaille d’argent. « Nous étions plus amicales — plus comme des gentlewomen — en ce temps-là », raconte Ellen Müller-Preis à un journaliste du Times en 1984. Il est vrai aussi que le fair-play était encore une qualité essentielle aux assauts d’escrime avant l’utilisation de l’arbitrage électrique. Grâce à cette première médaille d’or, ses victoires en équipe avec la médaille d’argent à Budapest en 1933, puis la médaille de bronze à Varsovie en 1934, ainsi que deux médailles d’argent en championnats du monde en 1932 et 1935, l’Autrichienne Ellen Preis sera une des rares athlètes juives à participer aux Jeux Olympiques de Berlin en 1936.

Quant à Judy Guinness, ses performances à Berlin en 1936 sont mitigées. Après avoir commencé la compétition par autant de victoires que de défaites dans la première poule, elle remporte presque tous ses assauts dans la seconde, mais ne parvient pas à s’imposer dans la troisième. Elle se classe finalement sixième de la compétition olympique. Ellen Müller-Preis n’obtient cette fois-ci que la troisième place sur le podium olympique, mais elle fait encore une très longue carrière sportive au plus haut niveau jusque dans les années 1950.

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