John TAYLOR
Cette compétition constitue, à sa manière, le premier événement international durant lequel un Africain-Américain représente les États-Unis : John Taylor.
John Taylor est un des grands champions d’athlétisme du début du XXe siècle et un symbole involontaire de la lutte contre la ségrégation aux États-Unis. Il est spécialiste du 400 mètres relais et plus particulièrement, aux États-Unis, du quart de mile (440 yards). Descendant originellement d’une famille d’esclaves, mais fils d’un homme d’affaires, il est né à Washington, en 1882. Les Jeux Olympiques de Londres sont les seuls Jeux Olympiques auxquels il participe car il décède quelques mois après d’une fièvre typhoïde. Par sa persistance, John Taylor est un athlète qui brise de nombreuses barrières, tant chronométriques que symboliques, et en particulier, raciales.
Champion reconnu dès ses études secondaires, il est le seul coureur africain-américain dans l’équipe d’athlétisme de son lycée à Philadelphie. Presque invaincu sur le tour de piste, il entreprend des études brillantes jusqu’à obtenir son diplôme de vétérinaire en 1908, à l’Université de Pennsylvanie. Grand adepte des courses en relais, il met un point d’honneur à participer à ces compétitions fédératrices et populaires (en particulier les Penn Relays). John Taylor, dans les trois années précédant les Jeux Olympiques de Londres, remporte consécutivement les titres nationaux universitaires sur le quart de miles. Il intègre dès lors le prestigieux club de l’Irish American Athletic Club qui remporte dix médailles d’or parmi les 23 que compte la délégation américaine (soit un total équivalent à celles remportées par l’Allemagne, la France et l’Italie réunies).
L’année de ses 26 ans, il marque la IVe Olympiade par deux actes majeurs. Après avoir réalisé le meilleur temps de sa série et de sa demi-finale, il participe à la finale du 400 mètres relais à l’issue de laquelle son compatriote John Carpenter est disqualifié pour avoir gêné le concurrent anglais, Wyndham Halswelle). Les juges proposent de recourir le surlendemain sans John Carpenter. John Taylor et un autre Américain, W. C. Robbins, refusent d’y prendre part en signe de protestation et par solidarité avec le vainqueur déclassé. L’Anglais remporte le titre olympique en courant seul dans un couloir alors encore marqué par des cordes. Pourtant, c’est John Taylor qui entre dans l’histoire du fair-play.
Par la suite, John Taylor contribue à la victoire du relais olympique américain (1.600 mètres avec deux relais de 200 mètres puis, 400 mètres et 800 mètres) devenant, à contre-courant de l’opinion publique encore fortement raciste, un « héros » de l’Amérique de l’avant-guerre. En outre, il devient le premier Africain-Américain médaillé d’or aux Jeux Olympiques (28 ans avant les victoires de Jesse Owens à Berlin et 16 ans avant le champion olympique du saut en longueur en 1924, lui aussi africain-américain), occupant une place de vétéran dans la lutte contre la ségrégation aux États-Unis. Cette compétition constitue, à sa manière, le premier événement international durant lequel un Africain-Américain représente les États-Unis.
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