John CARLOS
Les deux champions de l’université de San José Tommie Smith et John Carlos réclament l’égalité interraciale dans le sport et dans le reste de la société étasunienne.
Le 17 octobre 1968, en levant son poing ganté de noir (symboles de la lutte contre la ségrégation des Black Panthers), en baissant la tête devant le drapeau américain, en portant un foulard ou un collier autour du cou (qui rappelle les lynchages d’esclaves) et en déposant ses chaussures au pied du podium en signe de pauvreté des Africains-Américains (mais aussi de protestation pour la non homologation de son record), le coureur de 200 mètres John Carlos — troisième de la finale — est entré dans l’Histoire accompagné de son homologue Tommie Smith. Le champion de l’université de San José (surnommée « Speed City » pour ses sprinters) réclame l’égalité interraciale dans le sport et dans le reste de la société étasunienne. Inspiré par le boxeur Mohamed Ali, comme par le combat des Black Panthers, son engagement s’inscrit dans le contexte du mouvement pour les droits civiques et des révoltes étudiantes de l’année 1968. Sur le podium, l’athlète australien Peter Norman porte lui aussi, par solidarité, le badge du « Olympic Project for Human Rights » (OPHR).
Depuis l’automne 1967, les athlètes de l’OPHR appellent à boycotter le meeting du New York Athletic Club, qu’ils considèrent comme raciste. Ils réclament aussi l’exclusion de l’Afrique du Sud des Jeux Olympiques au regard de la politique d’Apartheid du pays (qu’ils ont obtenu) et la démission du président américain du CIO, Avery Brundage. Comme leur maître à penser, le sociologue Harry Edwards, qui a théorisé et orchestré leur mouvement, Tommie Smith, John Carlos et de nombreux sportifs sont même prêts à boycotter les Jeux Olympiques de Mexico. Mais leurs camarades hésitent. Sur le podium du 400 mètres, Lee Evans, Larry James et Ron Freeman brandissent furtivement le poing en portant le béret noir des Black Panthers. Bob Beamon ose des chaussettes noires et lève le poing au moment où retentit l’hymne américain. A contrario, le boxeur George Foreman se laisse entraîner à arborer le drapeau américain. Il reste que jamais les « Black Athletes » n’ont songé à impliquer les sportives africaines-américaines dans leur combat, signe alors d’une fracture au sein de la lutte des Africains-Américains.
EN VIDÉO TOMMIE SMITH & JOHN CARLOS
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