Photos Filbert Bayi [Tanzanie], photographie d’Eamonn McCabe, 1977.
Filbert Bayi [Tanzanie], photographie d’Eamonn McCabe, 1977.
© Coll. CASDEN

Filbert BAYI

Filbert Bayi représente l’union de la plupart des pays africains, mobilisés autour d’une conviction : la nécessité de lutter contre la politique raciste menée par l’Afrique du Sud.

Filbert Bayi est un spécialiste des courses de demi-fond. Ce goût de la course lui est venu lorsque, enfant, il partait à la chasse avec son père. Militaire de carrière, il brille sur 1.500 et 3.000 mètres dans son pays dès le début des années 1970. Il participe aux Jeux Olympiques de Munich en 1972, mais ne parvient pas en finale du 1.500 mètres et du 3.000 mètres steeple. Pourtant, à partir des Jeux africains, en 1973 à Lagos, son extraordinaire potentiel s’affirme. Il remporte à cette occasion le 1.500 mètres devant tous les favoris, notamment le champion olympique kenyan Kip (Kipchoge) Keino. Il est ensuite titré lors des Jeux du Commonwealth en 1974 à Christchurch, en battant de plus d’une seconde le record du monde du 1.500 mètres. En mai 1975, il établit le record du monde du mile.

Fort de ces records, il est considéré comme le favori des Jeux Olympiques de 1976 sur 1.500 mètres. Mais le boycott de vingt-deux nations africaines, mené par son pays la Tanzanie, l’empêche de participer aux Jeux de Montréal. Filbert Bayi, avec d’autres athlètes africains, devient ainsi un double symbole : d’abord celui de l’émergence d’athlètes africains d’exception. Ensuite, il représente l’union de la plupart des pays africains, mobilisés autour d’une conviction : la nécessité de lutter contre la politique raciste menée par l’Afrique du Sud, dans la droite ligne du Mouvement des non-alignés né à Bandoeng en 1955.

Le boycott des Jeux Olympiques en 1976 est pour la Tanzanie la suite logique de l’engagement du pays contre la Rhodésie, ancienne possession britannique qui pratique également l’Apartheid. La Tanzanie rompt ainsi toute relation diplomatique avec la Grande-Bretagne en 1965, qui continue à soutenir la Rhodésie. Dans le régime prochinois tanzanien, très engagé auprès des mouvements révolutionnaires, le boycott est une arme parmi d’autres pour contrer les enjeux de la Guerre froide, alors que le pays promeut le panafricanisme à travers les compétitions sportives africaines. En 1977, à la suite de ces actions, l’ONU adopte une résolution contre l’Apartheid dans les sports. Filbert Bayi conserve son titre sur le 1.500 mètres lors des Jeux africains de 1978 à Alger, mais devra se contenter de la troisième place lors des Jeux du Commonwealth à Edmonton la même année. Il termine sa carrière internationale lors des Jeux Olympiques de Moscou en 1980, en obtenant la médaille d’argent sur le 3.000 mètres steeple. Diplômé de l’Université de l’Oklahoma, il est aujourd’hui secrétaire général du Comité National Olympique de Tanzanie. Il a bâti une fondation aidant à la préparation sportive de jeunes athlètes tanzaniens. Il n’a jamais regretté sa décision ni celle que les pays africains ont prise en 1976.

FILBERT BAYI
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