Photos Carl Lewis, photographie de presse, 1988.
Carl Lewis, photographie de presse, 1988.
© Pool Duclos/Gouverneur/Guichard/Getty Images

Carl LEWIS

Carl Lewis, sprinteur américain, est le Jesse Owens de la fin du XXe siècle.

Le 24 septembre 1988, le moment est exceptionnel : la finale du 100 mètres masculin d’athlétisme s’achève dans le stade olympique devant 100.000 spectateurs médusés. Le Canadien Ben Johnson vient de pulvériser le record du monde avec 9,79 secondes devant celui vers qui tous les regards se tournent : Carl Lewis. Pourquoi lui ? Parce que ce sprinteur américain est le Jesse Owens de la fin du XXe siècle. Ces Jeux Olympiques devaient consacrer sa carrière d’athlète hors normes. Alors qu’il n’a pas pu se rendre à Moscou en 1980 en raison du boycott américain, c’est en 1984 à Los Angeles qu’il donne la pleine mesure de son talent et de sa volonté de perfection. Il remporte les quatre mêmes médailles d’or que son illustre aîné, Jesse Owens, avait gagnées en 1936 : 100 mètres, 200 mètres, 4x100 mètres et saut en longueur. Quatre ans plus tard à Séoul, Carl Lewis n’est plus aussi dominateur. Néanmoins, il parvient à conserver la médaille d’or en saut en longueur avec un bond à 8,72 mètres (il conserve cette médaille à Barcelone en 1992 et Atlanta en 1996) ainsi qu’une médaille d’argent au 200 mètres. Mais son échec au 100 mètres est, pour lui, une meurtrissure sans équivalent.

Mais un coup de tonnerre vient perturber ces Jeux Olympiques 1988 : la commission médicale du CIO révèle que Ben Johnson, vainqueur du 100 mètres devant Carl Lewis, est dopé. En conséquence, il est aussitôt disqualifié, son record du monde est annulé et Carl Lewis retrouve sa médaille d’or, détenant même le nouveau record du monde avec un temps de 9,92 secondes. « King Carl » atteint alors le statut de star planétaire. Parvenir à rester au plus haut niveau pendant tant d’années est un véritable exploit. D’autant qu’en parallèle, Carl Lewis brille lors des championnats du monde à Helsinki en 1983 (trois médailles d’or), à Rome en 1987 (trois médailles d’or) et enfin à Tokyo en 1991 (deux médailles d’or).

Né en 1961 et ayant grandi dans la banlieue de Philadelphie dans une famille issue des classes moyennes passionnée d’athlétisme, c’est au début des années 1970 que le jeune Carl Lewis fait ses gammes. En dépit de ce palmarès impressionnant de neuf médailles d’or qui le place au même niveau d’excellence que Paavo Nurmi et Usain Bolt, Carl Lewis n’a jamais réellement suscité la passion aux États-Unis, en raison d’une attitude jugée parfois trop individualiste, voire hautaine. Enfin, des soupçons de dopage (il est notamment contrôlé « positif » en juillet 1988, lors des sélections américaines pour les Jeux Olympiques de Séoul avant d’être blanchi par le Comité Olympique américain (USOC)), des propos amers sur les évolutions de son sport et une entrée ratée en politique en 2011 ont également terni son image ces dernières années. Malgré ces aléas, cet athlète hors normes grave son nom dans le marbre de l’Olympisme, à tel point que le CIO l’élit en 1999 « sportif du siècle ».