Photos Tommie Smith [États-Unis] vainqueur du 200 mètres, photographie, 1968.
Tommie Smith [États-Unis] vainqueur du 200 mètres, photographie, 1968.
© Rolls Press/Popperfoto/Getty Images
1968 l MexicoJohn CARLOS& Tommie SMITHÉgalité

1968 ı Mexico Égalité John CARLOS & Tommie SMITH

Exposition Histoire, Sport et Citoyenneté. Des Jeux olympiques d’Athènes 1896 aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Panneau 16 : 1968 ı Mexico ı Égalité ı Tommie SMITH & John CARLOS ı XIXe Olympiade ı Saut en longeur . © CASDEN

Les deux champions de l’université de San José Tommie Smith et John Carlos réclament l’égalité interraciale dans le sport et dans le reste de la société étasunienne.

Portrait
John CARLOS
& Tommie SMITH

Égalité

Le 17 octobre 1968, en levant leur poing ganté de noir (symboles de la lutte contre la ségrégation des Black Panthers), en baissant la tête devant le drapeau américain, en portant un foulard ou un collier autour du cou (qui rappelle les lynchages d’esclaves) et en déposant leurs chaussures au pied du podium en signe de pauvreté des Africains-Américains (mais aussi de protestation pour la non homologation de leur record), les coureurs de 200 mètres Tommie Smith et John Carlos — arrivés premier et troisième de la finale — sont entrés dans l’Histoire. Les deux champions de l’université de San José (surnommée « Speed City » pour ses sprinters) réclament l’égalité interraciale dans le sport et dans le reste de la société étasunienne. Inspiré par le boxeur Mohamed Ali, comme par le combat des Black Panthers, leur engagement s’inscrit dans le contexte du mouvement pour les droits civiques et des révoltes étudiantes de l’année 1968. Sur le podium, l’athlète australien Peter Norman porte lui aussi, par solidarité, le badge de leur « Olympic Project for Human Rights » (OPHR).

Depuis l’automne 1967, les athlètes de l’OPHR appellent à boycotter le meeting du New York Athletic Club, qu’ils considèrent comme raciste. Ils réclament aussi l’exclusion de l’Afrique du Sud des Jeux Olympiques au regard de la politique d’Apartheid du pays (qu’ils ont obtenu) et la démission du président américain du CIO, Avery Brundage. Comme leur maître à penser, le sociologue Harry Edwards, qui a théorisé et orchestré leur mouvement, Tommie Smith, John Carlos et de nombreux sportifs sont même prêts à boycotter les Jeux Olympiques de Mexico. Mais leurs camarades hésitent.

Photo John CARLOS
© Bettmann/Getty Images

Archive sur Tommie Smith et John Carlos levant le poing à Mexico

Retour sur le geste fort et symbolique des deux athlètes africains-américains spécialistes du 200 mètres. Ils lèvent un poing ganté de noir en s’inspirant du combat des Black Panthers pour dénoncer les discriminations faites aux Africains-Américains aux États-Unis.

Égalité

Sur le podium du 400 mètres, Lee Evans, Larry James et Ron Freeman brandissent furtivement le poing en portant le béret noir des Black Panthers. Bob Beamon ose des chaussettes noires et lève le poing au moment où retentit l’hymne américain. A contrario, le boxeur George Foreman se laisse entraîner à arborer le drapeau américain. Il reste que jamais les « Black Athletes » n’ont songé à impliquer les sportives africaines-américaines dans leur combat, signe alors d’une fracture au sein de la lutte des Africains-Américains.

S’ils sont passés à la postérité et ont permis à la cause des Africains-Américains d’être reconnue internationalement, Tommie Smith et John Carlos ont néanmoins payé cher leur engagement, tout comme d’ailleurs Peter Norman qui vivra, par la suite, en paria en Australie. Exclus de l’équipe américaine, bannis du stade olympique, ils n’ont jamais réussi à se faire employer à hauteur de leurs compétences en athlétisme. Leur reconnaissance n’est survenue que tardivement, à travers cette photographie mythique de John Dominis qui travaille alors pour le magazine Life. Les étudiants du campus de San Jose leur dédient une gigantesque statue en 2005. Si leur entrée dans l’US Olympic Hall of Fame survient en 2019 (soit très tardivement), ils ont toujours une place à la marge dans l’histoire officielle de l’Olympisme. Le « kneeling » (se mettre à genou) de Colin Kaepernick en 2016 est la preuve que le combat pour l’égalité raciale n’est pas terminé aux États-Unis et dans le monde, et aussi que le sport reste l’un des domaines majeurs pour rendre ces combats citoyens visibles.

Photos Peter Norman [Australie], Tommie Smith et John[nbsp]Carlos [États-Unis] sur le podium olympique du 200[nbsp]mètres, photographie,[nbsp]1968.
Peter Norman [Australie], Tommie Smith et John Carlos [États-Unis] sur le podium olympique du 200 mètres, photographie, 1968.
© Granger Historical Picture Archive / Alamy

Reportage sur Tommie Smith, Les Actualités françaises, 23 octobre 1968

Revivez la finale du 200 mètres et le moment qui a marqué l’opinion dans le monde avec les arrivées sur le podium des vainqueurs de la finale du 200 mètres (premier et troisième) Tommie Smith et John Carlos, brandissant leur poing ganté de noir. Par ce geste, ils font du podium des Jeux Olympiques une tribune politique pour les droits civiques des Africains-Américains aux États-Unis.

Nous sommes noirs et fiers de l’être.
L’Amérique noire comprendra
ce que j’ai fait ce soir.

—   Tommie Smith, 1968   —

XIXe Olympiade
12 OCTOBRE-27 OCTOBRE 1968

Mexico ı MEXIQUE

Athlètes

(14,15 % DE SPORTIVES)

Sports

 

Épreuves

Image Jeux Olympiques Mexico 68. Plongeoir,
affiche signée Lance Wyman,
Beatrice Colle, José Luis Ortiz
et Jan Stornfeld, 1968.
© Coll. CASDEN
Jeux Olympiques Mexico 68. Plongeoir,
affiche signée Lance Wyman,
Beatrice Colle, José Luis Ortiz
et Jan Stornfeld, 1968.

Jeux
Paralympiques

athlètes

Nations

 

Jeux d'hiver

athlètes

Classement

ÉTATS-UNIS UNION SOVIÉTIQUE JAPON

Debbie Meyer [États-Unis] au 400 mètres nage libre, photographie de Michael Rougier, 1968.
Debbie Meyer [États-Unis] au 400 mètres nage libre, photographie de Michael Rougier, 1968.
© Michael Rougier/Shutterstock
Cérémonie d’ouverture, photographie, 1968.
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Cérémonie d’ouverture, photographie, 1968.
© Keystone-France/Gamma-Keystone/Getty Images

En octobre 1968, 4.735 sportifs et 781 sportives (14,15 %), provenant de 112 nations — soit une vingtaine de plus qu’en 1964, et pour la première fois plus de 100 nations sont rassemblées —, se retrouvent dans la capitale mexicaine à 2.300 mètres d’altitude. On pense alors que les athlètes ne supporteront pas le manque d’oxygène mais de nombreux records sont battus, alors que pour la première fois les athlètes doivent se soumettre à des contrôles de dopage (narcotiques, stimulants…). Cela s’explique par l’intensité de la compétition entre nations rivales durant la Guerre froide (107 médailles pour les États-Unis, 91 pour l’URSS) et par l’utilisation de nouvelles techniques et matériaux (tartan, perche en fibre de verre, chaussures plus légères). Bob Beamon saute 8,90 mètres à la longueur et Robert Seagren atteint 5,40 mètres à la perche, améliorant les records mondiaux respectivement de 55 et 30 centimètres.

Dick Fosbury renverse les codes avec un saut en hauteur jamais vu, car réalisé sur le dos, qui lui donne la victoire avec 2,24 mètres. Trois autres Américains, Jim Hines, Tommie « Jet » Smith et Lee Evans, affolent les premiers chronomètres électroniques avec 9,95 secondes, 19,83 secondes et 43,86 secondes aux 100 mètres, 200 mètres et 400 mètres. Chez les femmes, Colette Besson, « la petite fiancée de la France » remporte le 400 mètres et Debbie Meyer, devient médaillée d’or à 16 ans sur 200 mètres, 400 mètres et 800 mètres nage libre : elle est la première nageuse à réaliser un triplé olympique individuel. Symbole de ces Jeux Olympiques (même si seulement 14,15 % des athlètes sont des femmes en 1968), c’est la première fois qu’une femme allume la vasque olympique : Enriqueta Basilio, considérée comme le grand espoir de l’athlétisme mexicain.

Par le choix d’un « pays en développement », le CIO veut prouver l’universalisme des Jeux Olympiques. Mexico présente aussi l’avantage d’être la capitale d’un pays non aligné mais voisin des États-Unis, avec une économie en pleine croissance et une stabilité politique garantie par la dictature de Gustavo Díaz Ordaz. Dix jours avant la cérémonie d’ouverture, le pouvoir fait d’ailleurs massacrer et disparaître plus d’un millier d’étudiants et ouvriers venus manifester sur la place des Trois Cultures, sans guère de réactions des diplomaties, persuadé que l’ouverture de cette Olympiade masquera cette répression. Les élites au pouvoir au Mexique veillent aussi à cacher la population misérable derrière des visuels innovants (logotype, pictogrammes, publicités…) qui envahissent la ville. Dans le contexte explosif des « Mai 68 », de la guerre du Viêtnam, de la répression du « printemps de Prague », de l’assassinat de Martin Luther King, de la Guerre froide, de l’Apartheid, les deux champions africains-américains Tommie Smith et John Carlos lèvent leur poing ganté de noir ce qui saisit le monde entier pour ces Jeux Olympiques retransmis en direct sur toutes les télévisions du monde.

Film officiel des Jeux Olympiques de Mexico

Retrouvez le film officiel des Jeux Olympiques retraçant les moments forts des Jeux de Mexico, de la cérémonie d’ouverture au volleyball en passant par le cyclisme ou bien le plongeon.

Daniel Morelon [France] vainqueur en cyclisme sur piste, photographie de Mario De Biasi et Sergio Del Grande, 1968.
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Daniel Morelon [France] vainqueur en cyclisme sur piste, photographie de Mario De Biasi et Sergio Del Grande, 1968.
© Mario De Biasi, Sergio Del Grande/Mondadori /Getty Images

Jeux Paralympiques de 1968

Jeux Paralympiques. Tel-Aviv, affiche, 1968.
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© ISAD
Jeux Paralympiques. Tel-Aviv, affiche, 1968.

Portrait Valerie ROBERTSON

Les Jeux Paralympiques de 1968 n’ont pas lieu à Mexico, mais à Tel-Aviv du 4 au 13 novembre à l’occasion du 20e anniversaire de l’État d’Israël. 750 athlètes sont engagés, représentant 29 pays. Au cœur de ces Jeux Paralympiques, la Britannique Valerie Robertson participe au tir à l'arc, à l'athlétisme, à la natation et à l'escrime, remportant au moins une médaille d'argent dans chaque épreuve, avec un palmarès personnel de six médailles d’or en intégrant les deux éditions suivantes.

Valerie ROBERTSON
en vidéo

Saut en hauteur

Le saut en hauteur avec élan existe comme épreuve olympique depuis 1896 (sans élan de 1900 à 1912). Le saut de face jambes groupées puis en ciseau, le rouleau costal puis ventral sont utilisés avant que Dick Fosbury n’impose en 1968 le saut réalisé dos à la barre en levant les deux jambes en dernier. Son saut est d’abord refusé puis accepté après vérification qu’aucun règlement ne l’interdit. L’épreuve féminine de saut en hauteur est organisée en 1928 et en 1956, puis de manière régulière à partir de 1968.

Photos Dick Fosbury [États-Unis] au saut en hauteur (saut en rouleau dorsal), photographie,[nbsp]1968.
Dick Fosbury [États-Unis] au saut en hauteur (saut en rouleau dorsal), photographie, 1968.
© Bettmann/Getty Images 
Photos objet             Saut en hauteur
© Sportpoint / Alamy

D’abord en bois puis en métal (qui peut se dilater), la barre du saut en hauteur est désormais en fibre de verre, d’une longueur de quatre mètres, d’un poids maximum de deux kilogrammes, avec une flèche en son centre de sept centimètres au maximum.