1964 ı Tokyo Indépendance Abebe BIKILA
L’Éthiopien Abebe Bikila entre dans l’histoire de l’Olympisme en étant le premier athlète d’un État africain ayant conquis son indépendance à remporter une médaille d’or.
Portrait Abebe BIKILA
Indépendance
Abebe Bikila remporte à Tokyo en 1964 une deuxième victoire consécutive dans l’épreuve mythique du marathon, un exploit inégalé jusqu’alors. Il est né en 1932 en Éthiopie, trois ans avant la défaite et l’occupation du pays par l’Italie fasciste aux aspirations impériales. À la faveur des revers italiens au cours de la Seconde Guerre mondiale, l’empereur Hailé Sélassié remonte sur le trône et l’Éthiopie recouvre son indépendance. Abebe Bikila intègre la garde impériale, où comme dans le reste de l’armée, la pratique du sport est mise au service de la restauration de la puissance éthiopienne. Il s’entraîne d’abord seul avant d’être pris en charge par Onni Niskanen, un Suédois en mission pour la Croix-Rouge.
Si Abebe Bikila manifeste des aptitudes à la course de fond, il ne dispose d’aucune référence internationale avant de participer, à la suite de la défection in extremis d’un coureur de l’équipe nationale, aux Jeux Olympiques de Rome. C’est donc à la surprise générale qu’il s’impose dans le marathon en un temps record de 2 heures 15 minutes et 16 secondes. Sa victoire frappe les esprits à plusieurs égards. Elle est d’abord la première médaille d’or olympique remportée par un athlète d’un État africain ayant conquis son indépendance.
Archive sur la course d’Abebe Bikila, le marathonien aux pieds nus
Abebe Bikila est un athlète éthiopien, spécialiste de la course de fond, qui a la particularité de courir pieds nus. Il remporte le marathon aux Jeux Olympiques en 1960 et 1964. Il est également le premier médaillé olympique de l’Éthiopie.
Voir la vidéo Voir la vidéoIl se fait remarquer en courant pieds nus, incarnant ainsi dans l’imaginaire occidental la figure de l’Africain démuni, à l’écart des « bienfaits de la civilisation ». En franchissant en vainqueur la ligne d’arrivée sous l’Arc de Constantin à l’endroit même où, à Rome, Mussolini a prononcé en 1935 son discours de déclaration de guerre à l’Éthiopie, ce « soldat du Négus » est considéré comme un symbole d’une revanche sur la domination coloniale.
C’est auréolé de ce prestige qu’il prend le départ du marathon quatre ans plus tard à Tokyo. Abebe Bikila court cette fois avec des chaussures, fournies par un équipementier japonais. Il domine la course et s’impose dans un nouveau temps record de 2 heures 12 minutes et 11 secondes, laissant le premier de ses poursuivants à 4 minutes. En plus des nombreuses gratifications déjà acquises après les Jeux Olympiques de Rome, il est récompensé d’une bague précieuse offerte par l’empereur en reconnaissance de sa contribution à rendre « l’Éthiopie plus digne d’une reconnaissance internationale ». À la suite d’un accident de voiture en 1969, Abebe Bikila perd l’usage de ses jambes. Il est pris en charge par l’hôpital de Stoke Mandeville et participera à quelques compétitions en fauteuil (tir à l’arc, course en fauteuil), avant de décéder d’une hémorragie cérébrale à 41 ans, en 1973, suscitant une très vive émotion en Éthiopie et à travers le monde.
Archive sur la victoire au 10.000 mètres des États-Unis
Le 14 octobre 1964, l’athlète américain Billy Mills entre dans la légende. Il est le premier, et encore aujourd’hui l’unique, Étasunien à avoir décroché la médaille d’or olympique au 10.000 mètres.
Voir la vidéo Voir la vidéo“ Son premier héros sportif, [...] l'Afrique le découvrit en la personne d'un superbe va-nu-pieds, Abebe Bikila. ”
— Raymond Pointu, Le Monde, 3 novembre 1973 —
XVIIIe Olympiade
10 OCTOBRE-24 OCTOBRE 1964
Tokyo ı JAPON
Athlètes
5151 (13,16 % DE SPORTIVES)
Sports
19
Épreuves
163
Jeux
Paralympiques
378 athlètes
Nations
93
Jeux d'hiver
1091 athlètes
Classement
ÉTATS-UNIS UNION SOVIÉTIQUE JAPON
Les Jeux Olympiques de Tokyo sont les premiers à être organisés en Asie. La capitale japonaise devait déjà accueillir l’événement en 1940 — une candidature soutenue par l’Allemagne, et favorisée par le retrait de l’Italie mussolinienne —, mais la guerre sino-japonaise de 1937 et la condamnation internationale conduisent à l’annulation de cette candidature. En 1964, le Japon, pour cette XVIIIe Olympiade, entend montrer qu’il s’est relevé de la Seconde Guerre mondiale. L’entrée dans le stade de la flamme, lors de la cérémonie d’ouverture, portée par un jeune homme né le jour du bombardement atomique d’Hiroshima le 6 août 1945, fait alors figure de symbole.
Le Japon affiche lors de ces Jeux Olympiques sa puissance économique et sa modernité : les investissements d’équipements sont colossaux. Les compétitions qui rassemblent 5.151 athlètes, dont 678 femmes (13,16 %) représentant 93 pays sont diffusées pour la première fois, en direct et en mondovision, grâce à une transmission par satellite. Les 600 millions de téléspectateurs quotidiens peuvent suivre, en couleur, les performances des athlètes. Cette édition est marquée par la programmation des épreuves de judo jusque-là absentes. Seule une médaille échappe au Japon avec la victoire du Néerlandais Anton Geesink dans le tournoi majeur des toutes catégories. L’URSS occupe la première place au classement des médailles depuis 1960, notamment grâce à Larissa Latynina qui règne sans partage sur la gymnastique artistique : elle remporte 18 médailles olympiques de 1956 à 1964 (six à chacun de ces trois Jeux) et reste l’unique athlète à s’être adjugée 14 médailles dans les épreuves individuelles. Les États-Unis sont alors plongés dans une crise politique face au mouvement de protestation des Africains-Américains en écho à la lutte en faveur des droits civiques portés notamment par Mal Whitfield, champion olympique du 800 mètres en 1948 et 1952.
Si la Chine est absente, refusant de participer à une compétition aux côtés de Taïwan, 14 pays nouvellement indépendants sont présents à Tokyo. La représentation africaine s’élargit et conduit à l’exclusion de l’Afrique du Sud en raison de son régime raciste d’Apartheid. Aux douze pays présents à Rome en 1960 s’ajoutent, lors de ces Jeux Olympiques, l’Algérie, le Cameroun, le Congo-Brazza, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Sénégal, le Tchad et la Tanzanie (sous le nom de Tanganyika). La Rhodésie du Nord, invitée à participer, acquiert formellement son indépendance sous le nom de Zambie le jour de la cérémonie de clôture des Jeux. Comme à Rome, en 1960, seul le marathonien éthiopien Abebe Bikila remporte une médaille d’or pour le continent africain. Des athlètes ghanéens, kenyans, nigérians et tunisiens montent néanmoins aussi sur des podiums, anticipant les succès à venir du continent. En voile, les Suédois Lars Gunnar Käll et Stig Lennart Käll, largement en tête de leur épreuve, vont secourir les Australiens à la dérive. La presse nippone relate leur exploit et leur adjuge la « médaille d’or de l’humanité ». Le CIO leur délivre le premier trophée du fair-play à cette occasion.
La cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques
Découvrez les moments forts de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, la vasque olympique allumée, le défilé des délégations ou encore le discours de Daigoro Yasukawa, président du Comité d'Organisation des Jeux de Tokyo en 1964.
Jeux Paralympiques de 1964
Portrait Roberto MARSON
Les Jeux Paralympiques de 1964 se tiennent du 3 au 12 novembre à Tokyo, comme les Jeux Olympiques, avec 21 pays et 378 athlètes. L’Italien Roberto Marson est un athlète polyvalent qui a gagné 26 médailles au total, dont 16 en or. L’année même de l’accident qui le prive de l’usage de ses jambes (1964), il participe aux épreuves à Tokyo. Il gagne l’or au disque et au javelot, l’argent en slalom, au poids et à l’escrime. Quatre ans plus tard, il remporte de nouveau dix médailles d’or, et revient en 1972 et en 1976. Huit ans plus tard, il est élu président de la Fédération italienne du sport paralympique (FISH).
Roberto MARSON
en vidéo
Judo
Le judo s’inscrit dans la lignée du jiu-jitsu, la technique de combat des samouraïs depuis le XVIIe siècle au Japon. Les bases de la « voie de la souplesse » (traduction de judo) sont posées par Jigoro Kano en 1882. Il devient sport de combat dans les années 1930. Il est inscrit au programme des Jeux de Tokyo — sous la pression du Japon — avant de devenir discipline olympique en 1972 pour les hommes et en 1992 pour les femmes.
Le judogi est le « vêtement de judo » composé de trois pièces de tissus différents : une veste épaisse, un pantalon en toile légère et une ceinture en coton. Traditionnellement blanc, il peut être bleu en compétition.