Photos Jesse Owens [États-Unis] au saut en longueur, carte postale colorisée, 1936.
Jesse Owens [États-Unis] au saut en longueur, carte postale colorisée, 1936.
© Coll. CASDEN
1936 l BerlinJesse OWENSFierté

1936 ı Berlin Fierté Jesse OWENS

Exposition Histoire, Sport et Citoyenneté. Des Jeux olympiques d’Athènes 1896 aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Panneau 10 : 1936 ı Berlin ı Fierté ı Jesse OWENS ı XIe Olympiade ı Saut en longueur. © CASDEN

La célébrité de Jesse Owens devient mondiale à l’occasion des Jeux Olympiques de Berlin, organisés par l’Allemagne nazie, au cours desquels il obtient quatre médailles d’or.

Portrait Jesse OWENS

Fierté

Jesse Owens est né en 1913 à Oakville, dans l’État d'Alabama (États-Unis), dans une famille africaine-américaine pauvre. Jesse Owens suit une scolarité normale tout en enchaînant les petits boulots, dans une Amérique ségrégationniste qui marginalise les Africains-Américains. Il découvre tôt sa passion pour la course, mais pratique aussi les sauts en longueur et en hauteur, le football et le basket. Dès 1928, il établit les records américains de sauts en longueur et en hauteur. En 1933, aux championnats interscolaires, il égale le record du monde sur le 100 yards (91,44 mètres), et gagne le 220 yards (201,17 mètres) et le saut en longueur. Les meilleures universités américaines lui proposent des bourses. Il choisit l’université d'État de l'Ohio.

En avril 1935, il réalise un saut de 7,97 mètres, à seulement un centimètre du record du monde. En mai, lors d’une compétition, il égale le record du 100 yards, puis bat successivement le record du monde de saut en longueur de 15 centimètres avec un saut à 8,13 mètres (record qu’il conserve jusqu’en 1960), le record du 220 yards (il bat donc également le record du 200 mètres en 20,3 secondes) et le record du 200 mètres haies.

Photo Jesse OWENS
© Coll. CASDEN

Film biographique réalisé par Stephan Hopkins La Couleur de la victoire (2016)

La Couleur de la victoire est un film biographique franco-germano-canadien réalisé par Stephen Hopkins. Diffusé en 2016, il retrace (avec quelques erreurs et de nombreux contre-sens) le parcours de l'athlète africain-américain Jesse Owens, quadruple médaillé d'or lors des Jeux Olympiques d'été en 1936 à Berlin.

Fierté

La célébrité de Jesse Owens devient mondiale à l’occasion des Jeux Olympiques de Berlin, organisés par l’Allemagne nazie. Au cours de ces derniers, il obtient quatre médailles d’or : au 100 mètres (10,3 secondes, à un centième de son record du monde obtenu un an plus tôt), au saut en longueur, au 200 mètres (20,7 secondes, record du monde) et au 4x100 mètres (39,8 secondes, record du monde).

Bien que l’Allemagne remporte ces Jeux Olympiques avec 89 médailles, devant les États-Unis, les exploits de Jesse Owens ruinent la démonstration, tant espérée par le IIIe Reich, de la supériorité des athlètes « aryens » sur les autres « races » et contribuent à la fierté des Africains-Américains dans leur combat pour être reconnus comme des citoyens à part entière aux États-Unis. Jesse Owens garde paradoxalement un souvenir agréable de l’Allemagne en 1936. Victime de la ségrégation en n’ayant aucun droit civique, il fustige le président des États-Unis, qui ne le reçoit pas à la Maison Blanche après les Jeux Olympiques. Jesse Owens n’a cependant jamais été un militant actif de la cause africaine-américaine aux États-Unis (il ne cède pas à la pression des organisations noires pour boycotter les Jeux Olympiques par exemple). Il meurt en 1980 et son image est restée intacte. Il demeure l’un des plus grands athlètes de tous les temps, celui qui ridiculise la propagande raciste du régime nazi et a été le véritable « dieu du stade » en 1936.

Photos Helen Stephens et Jesse Owens [États-Unis], carte postale, 1936.
Helen Stephens et Jesse Owens [États-Unis], carte postale, 1936.
© Coll. CASDEN

Film de propagande de Leni Riefenstahl, Les Dieux du stade (1936)

Olympia, sorti en France sous le titre Les Dieux du stade, est un film documentaire allemand de propagande nazie, réalisé par Leni Riefenstahl en 1936 lors des Jeux Olympiques de Berlin et sorti en 1938 sur les écrans.

Il voulait que tout le monde soit traité de la même manière et il s’est battu pour ça…

—   Marlene Dortch (petite-fille de Jesse Owens), 2017   —

XIe Olympiade
1er AOÛT-16 AOÛT 1936

Berlin ı ALLEMAGNE

Athlètes

(8,35 % DE SPORTIVES)

Sports

 

Épreuves

Image Allemagne. Berlin 1936. Jeux Olympiques,
affiche signée Werner Würbel, 1936.
© Musée national du sport Nice
Allemagne. Berlin 1936. Jeux Olympiques,
affiche signée Werner Würbel, 1936.

Jeux
Paralympiques

- (début en 1960)

Nations

 

Jeux d'hiver

athlètes

Classement

ALLEMAGNE ÉTATS-UNIS HONGRIE

Käthe Krauss [Allemagne] en pleurs après[nbsp]sa[nbsp]défaite au relais 4x100 mètres, photographie, 1936.
Käthe Krauss [Allemagne] en pleurs après sa défaite au relais 4x100 mètres, photographie, 1936.
© Coll. part./DR
Stade olympique des Jeux Olympiques de Berlin, photographie, 1936.
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Stade olympique des Jeux Olympiques de Berlin, photographie, 1936.
© Coll. CASDEN

Les Jeux Olympiques sont accordés en 1931 à l’Allemagne de Weimar. Lors de l’arrivée des nazis au pouvoir, en 1933, plusieurs voix s’élèvent contre l’octroi des Jeux Olympiques aux nouveaux dirigeants de l’Allemagne. Un vaste mouvement de boycott, mené par les organisations sportives ouvrières, des intellectuels et les partis de gauche en Europe et aux États-Unis, s’organise, mais échoue à convaincre les États. Malgré le projet de contre-olympiade à Barcelone rendu impossible par la Guerre d’Espagne, les dirigeants des pays concernés craignent les conséquences d’un boycott. Les nazis maintiennent l’illusion d’un « pays normal », y compris en alignant Helen Mayer, une athlète en partie d’origine juive (elle est ce que les nazis appellent alors une mischlinge, une « métis » à leurs yeux car seul son père est juif), étudiant alors aux États-Unis. Tous les autres athlètes juifs allemands ont été exclus des compétitions (à l’image de la championne du monde de saut en hauteur, Gretel Bergmann, qui est intégrée à l’équipe allemande, puis en est chassée la veille des Jeux Olympiques). Helen Mayer obtient une médaille d’argent à l’escrime et, ne se pensant nullement juive, fait le salut nazi sur le podium. Elle repart aux États-Unis après les Jeux Olympiques. Finalement 49 pays et 3.963 athlètes – dont 331 femmes (8,35 %) – sont présents.

Le IIIe Reich perçoit tout le potentiel des Jeux Olympiques pour glorifier le régime. Après les Jeux d’hiver de Garmisch-Partenkirchen, qui ont permis aux nazis de roder l’organisation et la mise en scène des Jeux, les moyens dévolus pour les Jeux d’été sont faramineux : constructions d’infrastructures modernes – dont le stade olympique de Berlin, d’une capacité hors-normes de 100.000 places –, accueil fastueux des athlètes et des représentants des pays invités, propagande intense en Allemagne et à destination du monde, mises en scène inédites avec un décorum inspiré de l’Antiquité. Artiste de génie vouée au culte du Führer, Leni Riefenstahl réalise le film Les Dieux du stade, diffusé dès 1938 dans plusieurs pays. La spectacularisation des compétitions, grâce aux films, aux innovations techniques, aux diffusions radiophoniques et, pour la première fois, en direct à la télévision, expliquent que ces Jeux Olympiques soient considérés comme les premiers Jeux « modernes ».

Les Jeux Olympiques sont aussi marqués par les exploits de Jesse Owens qui remporte quatre médailles d’or. Les États-Unis dominent les compétitions d’athlétisme, suivis par l’Allemagne, celle-ci se distinguant dans les épreuves de gymnastique. Enfin, le Japon domine les épreuves de natation. La plongeuse américaine Marjorie Gestring devient, à 13 ans, la plus jeune championne olympique (chez les hommes, en 1896, Dimítrios Loundras, a 10 ans). Les nazis présentent au monde abasourdi une compétition grandiose et très bien organisée. Le pari de rendre l’Allemagne populaire et « fréquentable » est gagné en 1936. Les Jeux Olympiques sont détournés pour servir les desseins d’une dictature, surtout que les organisateurs diffusent un discours de Pierre de Coubertin (enregistré en 1935) avant la clôture des Olympiades.

Documentaire de Jérôme Prieur, Les Jeux d’Hitler, 2016

Les Jeux Olympiques de Berlin sont un instrument dans la prise de contrôle de la société par le parti national-socialiste, offrant en même temps une vitrine grandiose pour la reconnaissance internationale de l'Allemagne nazie.

Frank Wykoff [États-Unis], Paul Hänni [Suisse], Ralph Metcalfe et Jesse Owens [États-Unis] après le 100 mètres, photographie, 1936.
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Frank Wykoff [États-Unis], Paul Hänni [Suisse], Ralph Metcalfe et Jesse Owens [États-Unis] après le 100 mètres, photographie, 1936.
© Coll. CASDEN

Saut en longueur

Le saut en longueur avec ou sans élan apparaît dès les Jeux Olympiques en 1900 et constitue une épreuve majeure de l’athlétisme. La longueur minimale de la piste d’élan est de 40 mètres. En 1935, Jesse Owens bat le record du monde (8,13 mètres) qui tient jusqu’en 1960. En 1968, Bob Beamon réalise un saut devenu mythique à 8,90 mètres, seulement battu en 1991 par Mike Powell (8,95 métres), alors face à Carl Lewis, ce dernier détenant le record de médailles d’or (quatre médailles) dans cette discipline.

Photos Luz Long [Allemagne] et Jesse Owens [États-Unis] lors des épreuves de saut en longueur, photographie, 1936.
Luz Long [Allemagne] et Jesse Owens [États-Unis] lors des épreuves de saut en longueur, photographie, 1936.
© Coll. part./DR