Photos Match d’escrime. Judy Guinness [États-Unis] contre Ellen Preis [Autriche], photographie, 1932.
Match d’escrime. Judy Guinness [États-Unis] contre Ellen Preis [Autriche], photographie, 1932.
© Bettmann/Getty Images
1932 l Los AngelesJudy GUINNESSFair-Play

1932 ı Los Angeles Fair-Play Judy GUINNESS

Exposition Histoire, Sport et Citoyenneté. Des Jeux olympiques d’Athènes 1896 aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Panneau 9 : 1932 ı Los Angeles ı Fair-Play ı Judy GUINESS ı Xe Olympiade ı Escrime. © CASDEN</p>

Judy Guinness fait preuve d’un fair-play remarquable : alors que les juges la déclarent victorieuse, elle leur mentionne deux touches de son adversaire non comptabilisées.

Portrait Judy GUINNESS

Fair-Play

Heather « Judy » Guinness est une escrimeuse née à Dublin en 1910, alors que la ville est encore sous occupation britannique. Son père appartient à l’élite sociale et économique de la ville : il dirige la Great Northern Railway, la Bank of Ireland et la fameuse brasserie Guinness, fondée par sa famille. Il sera nommé sénateur en 1922 dans le premier gouvernement indépendant irlandais. Éduquée dans un milieu social très favorisé, sœur cadette de quatre enfants, Judy Guinness apprend l’escrime, comme beaucoup de jeunes filles de l’élite européenne de son époque. Elle s’entraîne auprès d’un maître d’armes français et se qualifie, à l’âge de 21 ans, pour les Jeux Olympiques de Los Angeles, dans l’équipe britannique.

Le 4 août 1932, elle arrive en finale, après l’élimination des 15 autres candidates, et rencontre la jeune Autrichienne Ellen Preis. Elle fait preuve d’un fair-play remarquable : alors que les juges la déclarent victorieuse, elle leur mentionne deux touches de son adversaire non comptabilisées. Elle perd ainsi la première place et doit se contenter de la médaille d’argent.

Photo Judy GUINNESS
© Austrian Archives/Imagno/Getty Images

Archives sur l’ouverture des Jeux Olympiques de Los Angeles

Les Jeux Olympiques d'été en 1932 sont ouverts en présence du vice-président Michael Curtis, de Charlie Chaplin et de Gary Cooper. De nombreux athlètes n'ont pas pu financer le voyage jusqu’à Los Angeles et on compte moitié moins de participants qu’aux Jeux Olympiques d'été en 1928 à Amsterdam.

Fair-Play

« Nous étions plus amicales — plus comme des gentlewomen — en ce temps-là », raconte Ellen Müller-Preis à un journaliste du Times en 1984. Il est vrai aussi que le fair-play était encore une qualité essentielle aux assauts d’escrime avant l’utilisation de l’arbitrage électrique. Grâce à cette première médaille d’or, ses victoires en équipe avec la médaille d’argent à Budapest en 1933, puis la médaille de bronze à Varsovie en 1934, ainsi que deux médailles d’argent en championnats du monde en 1932 et 1935, l’Autrichienne Ellen Preis sera une des rares athlètes juives à participer aux Jeux Olympiques de Berlin en 1936.

Quant à Judy Guinness, ses performances à Berlin en 1936 sont mitigées. Après avoir commencé la compétition par autant de victoires que de défaites dans la première poule, elle remporte presque tous ses assauts dans la seconde, mais ne parvient pas à s’imposer dans la troisième. Elle se classe finalement sixième de la compétition olympique. Ellen Müller-Preis n’obtient cette fois-ci que la troisième place sur le podium olympique, mais elle fait encore une très longue carrière sportive au plus haut niveau jusque dans les années 1950.

Photos Les femmes les plus rapides du monde : Stella[nbsp]Walsh [Pologne], Hilda Strike [Canada] et Wilhelmina von Bremen [États-Unis], carte[nbsp]postale,[nbsp]1932.
Les femmes les plus rapides du monde : Stella Walsh [Pologne], Hilda Strike [Canada] et Wilhelmina von Bremen [États-Unis], carte postale, 1932.
© Coll. CASDEN

Actualités américaines sur les Jeux Olympiques de 1932

Après le défilé des athlètes, retour sur les performances américaines de Frank Wykoff au relais 4x100 mètres masculin ou de Jean Shiley au saut en hauteur féminin. Le Japonais Yasuji Miyazaki remporte pour sa part le 100 mètres nage libre masculin.

Le village olympique a été construit spécialement pour vous.

—   Message d’accueil aux athlètes, 1932   —

Xe Olympiade
30 JUILLET-14 AOÛT 1932

Los Angeles ı ÉTATS-UNIS

Athlètes

(9,45 % DE SPORTIVES)

Sports

 

Épreuves

Image Olympic Games. 1932. Los Angeles,&nbsp;
affiche&nbsp;signée Julio Kilenyi [reprise
en couverture&nbsp;du programme], 1932.
© Coll. CASDEN
Olympic Games. 1932. Los Angeles
affiche signée Julio Kilenyi [reprise
en couverture du programme], 1932.

Jeux
Paralympiques

- (début en 1960)

Nations

 

Jeux d'hiver

athlètes

Classement

ÉTATS-UNIS ITALIE FRANCE

Match de hockey sur gazon. L’Inde bat les[nbsp]États-Unis (24-1), carte postale dessinée,[nbsp]1932.
Match de hockey sur gazon. L’Inde bat les États-Unis (24-1), carte postale dessinée, 1932.
© Coll. CASDEN
Los Angeles Coliseum (Olympic Stadium), carte postale colorisée, 1932.
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Los Angeles Coliseum (Olympic Stadium), carte postale colorisée, 1932.
© Coll. CASDEN

Après Saint-Louis en 1904, le CIO confie à nouveau les Jeux Olympiques à un pays non européen. C’est un risque pour la réussite des compétitions car le déplacement des sportifs européens sur la côte ouest des États-Unis nécessite un budget substantiel pour financer une semaine de voyage en paquebot, puis une autre pour la traversée du pays, comme l’expérience de Saint-Louis en 1904 l’a montré. Pour les élites dirigeantes de Los Angeles, les Jeux Olympiques sont une belle opportunité de promouvoir leur ville, en pleine explosion démographique mais encore peu connue, alors que depuis 1929 la crise économique ravage socialement le pays. En 1921 a commencé la construction du Coliseum : un gigantesque stade de 100.000 places à la mémoire des vétérans de la Première Guerre mondiale. Et en 1923, cet engagement permet de convaincre les membres du CIO. Mais Los Angeles est aussi un choix stratégique pour diffuser l’Olympisme dans l’aire géographique de l’océan Pacifique.

Le terrible krach boursier de 1929 menace sévèrement l’avancée des préparatifs. Les financeurs ont moins d’argent et l’opinion publique s’indigne des dépenses faites pour le sport alors que le chômage et la précarité explosent. Beaucoup d’installations existantes sont utilisées par les organisateurs. Au regard de la situation économique, le président Herbert Hoover refusera d’ailleurs pour cette raison d’ouvrir officiellement les Jeux Olympiques, comme le font habituellement les chefs d’État. On craint également, comme nous l’avons vu, que les sportifs européens ne puissent financer leur voyage car la crise économique frappe tout autant l’Europe. Pour pallier cela, les organisateurs construisent un « village olympique » (imposé par le cahier des charges formulé par le CIO aux villes hôtes depuis les Jeux Olympiques de 1924) permettant d’être logé et nourri pour seulement deux dollars par jour. Les 1.208 participants hommes en profitent, mais les 126 femmes (9,45 %), quant à elles, sont logées dans les hôtels de la ville pour des raisons « morales ». Le public américain et étranger est finalement bien au rendez-vous à partir du 30 juillet 1932, pour voir le spectacle sportif pendant un peu plus de 15 jours (la durée la plus courte pour des Jeux Olympiques jusqu’alors), mais aussi pour tenter d’apercevoir les stars d’Hollywood. Charlie Chaplin, Gary Cooper ou Buster Keaton assistent par exemple à la cérémonie d’ouverture.

L’Américaine Mildred Didrikson s’impose sur le 80 mètres haies avec un record du monde de 11,7 secondes, mais remporte aussi le lancer du javelot avec un jet à 43,60 mètres (record olympique) et termine par une médaille d’argent au saut en hauteur. Une combinaison de podiums unique. Son compatriote Eddie Tolan réalise le doublé aux 100 mètres et 200 mètres. Juan Carlos Zabala est le premier Argentin sacré en athlétisme, au marathon et il est toujours, à 20 ans, le plus jeune vainqueur de l’épreuve. Enfin, en natation, l’équipe du Japon est à son sommet, avec quatre des cinq titres masculins. Les États-Unis terminent largement premiers de cette édition, alors que l’Italie se classe seconde. La propagande fasciste s’appuie sur ce résultat pour vanter son modèle totalitaire. Finalement, grâce à l’union de tous les acteurs économiques, politiques et culturels de Los Angeles, les Jeux Olympiques de la « Grande Dépression » sont une réussite. Néanmoins, le Comité d’organisation préfère détruire le village olympique plutôt que de le mettre à disposition des milliers de sans-abris de la ville, créant une polémique qui dure de nombreux mois.

Portrait de Mildred Didrikson, records olympiques 80 mètres haies, saut en hauteur et lancer du javelot en 1932

L'athlète américaine Mildred « Babe » Didrikson remporte deux médailles d'or aux Jeux Olympiques de 1932. Constituant l’équipe d’athlétisme à elle seule, elle participe à huit épreuves, en remporte six dont trois en établissant le record du monde, au 80 mètres haies, au saut en hauteur et au javelot. Elle est d’ailleurs la première athlète à remporter l’or dans cette discipline.

Wilhelmina von Bremen [États-Unis] passe la ligne d’arrivée du 4x100 mètres, carte postale dessinée, 1932.
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Wilhelmina von Bremen [États-Unis] passe la ligne d’arrivée du 4x100 mètres, carte postale dessinée, 1932.
© Coll. CASDEN

Escrime

L’escrime est déjà pratiquée 2.000 ans avant notre ère par les Égyptiens. Si les armes utilisées depuis sont différentes selon les cultures et les époques, l’objectif est toujours le même : toucher l’adversaire. Réglementé depuis le XVIIe siècle, ce sport connaît son apogée en Europe au XIXe siècle. Pierre de Coubertin l’inscrit dans le programme olympique dès 1896 et il y reste sans interruption jusqu’à aujourd’hui. En 1924, les femmes peuvent participer aux compétitions de fleuret mais doivent attendre 2004 pour pouvoir combattre à l’épée ou au sabre.

Photos Match d’escrime. Giulio Gaudini [Italie] contre György Piller [Hongrie], photographie,[nbsp]1932.
Match d’escrime. Giulio Gaudini [Italie] contre György Piller [Hongrie], photographie, 1932.
© World History Archive / Alamy
Photos objet             Escrime
© Coll. CASDEN

En 1750, La Boëssière Père, maître d'armes, est à l'origine du premier « masque en fil de fer ». Il est alors formé de treillis de toile, grillagé de fer, garni de cuir, avec ressort en fer forgé. Grâce à cette protection, les mouvements deviennent plus libres et le maniement des armes prend un tour nouveau, notamment avec la possibilité des ripostes après parade. Dès les Jeux Olympiques de 1896 à Athènes, toutes les équipes d'escrime en sont munies avec une collerette qui recouvre largement le col de la veste et évite une frappe au cou.