Photos William Robbins, John Taylor, John Carpenter [États-Unis] et Wyndham Halswelle [Grande-Bretagne] au départ du 400 mètres, photographie de presse, 1908.
William Robbins, John Taylor, John Carpenter [États-Unis] et Wyndham Halswelle [Grande-Bretagne] au départ du 400 mètres, photographie de presse, 1908.
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1908 l LondresJohn TAYLORPersistance

1908 ı Londres Persistance John TAYLOR

Exposition Histoire, Sport et Citoyenneté. Des Jeux olympiques d’Athènes 1896 aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Panneau 4 : 1908 ı Londres ı Persistance ı John TAYLOR ı IVe Olympiade ı Course de vitesse. © CASDEN

Cette compétition constitue, à sa manière, le premier événement international durant lequel un Africain-Américain représente les États-Unis : John Taylor.

Portrait John TAYLOR

Persistance

John Taylor est un des grands champions d’athlétisme du début du XXe siècle et un symbole involontaire de la lutte contre la ségrégation aux États-Unis. Il est spécialiste du 400 mètres relais et plus particulièrement, aux États-Unis, du quart de mile (440 yards). Descendant originellement d’une famille d’esclaves, mais fils d’un homme d’affaires, il est né à Washington, en 1882. Les Jeux Olympiques de Londres sont les seuls Jeux Olympiques auxquels il participe car il décède quelques mois après d’une fièvre typhoïde. Par sa persistance, John Taylor est un athlète qui brise de nombreuses barrières, tant chronométriques que symboliques, et en particulier, raciales.

Champion reconnu dès ses études secondaires, il est le seul coureur africain-américain dans l’équipe d’athlétisme de son lycée à Philadelphie. Presque invaincu sur le tour de piste, il entreprend des études brillantes jusqu’à obtenir son diplôme de vétérinaire en 1908, à l’Université de Pennsylvanie. Grand adepte des courses en relais, il met un point d’honneur à participer à ces compétitions fédératrices et populaires (en particulier les Penn Relays). John Taylor, dans les trois années précédant les Jeux Olympiques de Londres, remporte consécutivement les titres nationaux universitaires sur le quart de miles. Il intègre dès lors le prestigieux club de l’Irish American Athletic Club qui remporte dix médailles d’or parmi les 23 que compte la délégation américaine (soit un total équivalent à celles remportées par l’Allemagne, la France et l’Italie réunies).

Photo John TAYLOR
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Archives sur l'Exposition franco-britannique de 1908

En 1908, les Jeux Olympiques ne se déroulent pas de façon indépendante. Ils intègrent l’Exposition franco-britannique, avec ses pavillons internationaux et son parc d’attraction, qui accueille plus de huit millions de visiteurs en six mois.

Persistance

L’année de ses 26 ans, il marque la IVe Olympiade par deux actes majeurs. Après avoir réalisé le meilleur temps de sa série et de sa demi-finale, il participe à la finale du 400 mètres relais à l’issue de laquelle son compatriote John Carpenter est disqualifié pour avoir gêné le concurrent anglais, Wyndham Halswelle). Les juges proposent de recourir le surlendemain sans John Carpenter. John Taylor et un autre Américain, W. C. Robbins, refusent d’y prendre part en signe de protestation et par solidarité avec le vainqueur déclassé. L’Anglais remporte le titre olympique en courant seul dans un couloir alors encore marqué par des cordes. Pourtant, c’est John Taylor qui entre dans l’histoire du fair-play.

Par la suite, John Taylor contribue à la victoire du relais olympique américain (1.600 mètres avec deux relais de 200 mètres puis, 400 mètres et 800 mètres) devenant, à contre-courant de l’opinion publique encore fortement raciste, un « héros » de l’Amérique de l’avant-guerre. En outre, il devient le premier Africain-Américain médaillé d’or aux Jeux Olympiques (28 ans avant les victoires de Jesse Owens à Berlin et 16 ans avant le champion olympique du saut en longueur en 1924, lui aussi africain-américain), occupant une place de vétéran dans la lutte contre la ségrégation aux États-Unis. Cette compétition constitue, à sa manière, le premier événement international durant lequel un Africain-Américain représente les États-Unis.

Photos John Taylor [États-Unis] et ses coéquipiers, photographie anonyme, 1908.
John Taylor [États-Unis] et ses coéquipiers, photographie anonyme, 1908.
© University of Pennsylvania

Archives sur la victoire de Queenie Newall au tir à l’arc

Les Jeux Olympiques de 1908 regroupent seulement 37 femmes sur 2.008 participants. Ces dernières participent uniquement aux quatre disciplines qui leur sont « réservées » : le patinage artistique, le tennis, la voile et le tir à l’arc. Sur cette vidéo, nous découvrons Lottie Dod, qui remporte la médaille d’argent au tir à l’arc. Queenie Newell obtient la médaille d’or à presque 54 ans, ce qui fait d’elle la championne olympique la plus âgée de l’Histoire.

Le plus important aux Jeux Olympiques n’est pas de gagner mais de participer...

—   Pierre de Coubertin (inspiré du sermon de l’évêque Ethelbert Talbot au sujet des Jeux Olympiques de 1908), 1912   —

IVe Olympiade
27 AVRIL-31 OCTOBRE 1908

Londres ı GRANDE-BRETAGNE

Athlètes

(1,84 % DE SPORTIVES)

Sports

 

Épreuves

Image Olympic Games. In the Great Stadium.
Franco-British Exhibition, affiche
non signée, 1908.  
© coll. part./DR
Olympic Games. In the Great Stadium.
Franco-British Exhibition
, affiche
non signée, 1908.  

Jeux
Paralympiques

- (début en 1960)

Nations

 

Jeux d'hiver

- (début en 1924)

Classement

GRANDE-BRETAGNE ÉTATS-UNIS SUÈDE

Tir à l’arc féminin, photographie anonyme,[nbsp]1908.
Tir à l’arc féminin, photographie anonyme, 1908.
© Coll. CASDEN
Le Flip-Flap de l’Exposition franco-britannique et le White City Stadium, photographie, 1908.
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Le Flip-Flap de l’Exposition franco-britannique et le White City Stadium, photographie, 1908.
© Coll. CASDEN

Londres accueille 2.008 athlètes dont 37 femmes (1,84 %). Initialement prévus à Rome, les Jeux Olympiques sont finalement organisés dans la capitale britannique en même temps que l’Exposition franco-britannique. En effet, en 1906, une éruption massive du Vésuve engendre des dégâts importants alors que la municipalité romaine est pratiquement ruinée, poussant le gouvernement italien à revenir sur son engagement d’organisation des Jeux Olympiques. Pierre de Coubertin peut alors réaliser l’une de ses ambitions : construire l’« entente cordiale » franco-britannique à travers les Jeux Olympiques. Dans ce contexte, leur préparation se fait en moins de deux années pour une durée de 187 jours (un record pour l’ère moderne). Néanmoins, ils sont intégrés à l’Exposition franco-britannique et ne sont pas encore un événement autonome. Ils innovent toutefois avec le premier défilé des nations avec drapeau lors de la cérémonie d’ouverture.

Les femmes participent aux quatre seules épreuves qui leur sont « réservées » (le patinage artistique, le tennis, le tir à l'arc et la voile), ce qui provoque des critiques du mouvement féministe anglais, très actif à l’époque. La Britannique Quinnie Newall, alors âgée de 54 ans, remporte la médaille d’or au tir à l’arc. Depuis son sacre, elle détient toujours le record de la championne la plus âgée (chez les hommes, le Suédois Oscar Swahn est médaillé à l’âge de 60 ans). Un tiers du total des engagés est britannique. Selon les disciplines sportives, ils concourent sous la bannière britannique (comme en football) ou sous une bannière nationale : anglaise, galloise ou écossaise… (pour le hockey sur gazon notamment). Le découpage des Comités Nationaux Olympiques (CNO) n’est pas nécessairement celui des Nations reconnues à l’époque. À l’occasion des Jeux Olympiques, une délégation conjointe d’Australiens et Néo-Zélandais concourt sous la même bannière créée spécialement : celle de l’Australasie.

La distance de la course du marathon est fixée suite aux demandes de la famille royale britannique : celle-ci souhaite en effet que la course débute du château de Windsor pour se terminer face à la loge royale dans le stade olympique. La distance de ce parcours mesure 42,195 kilomètres (distance qui devient officielle en 1924). Cette anecdote souligne l’importance accordée aux choix ou désirs des grandes familles princières qui sont de plus en plus nombreuses à venir assister aux épreuves olympiques, alors que la Fédération internationale d’athlétisme n’existe pas encore (elle est créée en 1913). L’internationalisation est grandissante et l’événement olympique devient fédérateur. C’est aussi un enjeu de plus en plus reconnu dans le jeu politique entre les nations. John Hayes est le vainqueur du marathon, mais après une course étonnante. Dorando Pietri entre le premier dans le stade, mais à bout de force, il titube, se trompe de sens et s’évanouit. Deux hommes le remettent sur ses jambes et l’accompagnent jusqu’au fil. Il est alors disqualifié pour avoir « profité d’une aide étrangère non sollicitée », la victoire revenant à John Hayes arrivé pourtant 32 secondes après Dorando Pietri. À titre de « compensation », la reine d’Angleterre lui offre une coupe en or. Au 100 mètres, Reggie Walker (premier champion olympique d’une délégation originaire du continent africain, ici l’Afrique du Sud) se classe premier avec un record du monde qu’il établit avec un temps exceptionnel de 10,8 secondes.

Rétrospective sur les grands moments des Jeux Olympiques de 1908

Un montage d’archives de la chaîne des Jeux Olympiques permet de revivre les moments forts de l’année 1908 et des rencontres sportives.

L’arrivée de Dorando Pietri [Italie] au marathon, carte dessinée d’après une photographie de Schirner, 1908
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L’arrivée de Dorando Pietri [Italie] au marathon, carte dessinée d’après une photographie de Schirner, 1908
© Coll. CASDEN

Course de vitesse

La course de vitesse, aussi appelée sprint, est présente aux Jeux Olympiques depuis 1896. Le principe consiste à courir le plus vite possible sur une distance inférieure à 800 mètres. On distingue dans l’usage le sprint dit « court » (100 et 200 mètres) du sprint dit « long » (400 mètres). La course peut être dite « plate », c’est-à-dire sans obstacle, à la différence des courses de haies (100 mètres pour les dames, 110 mètres pour les messieurs et 400 mètres pour femmes et hommes). Ces différentes catégories seront définies au fil des Jeux Olympiques successifs.

Photos Reginald Walker [Afrique du Sud], à droite, vainqueur de la finale du 100 mètres, photographie anonyme, 1908.
Reginald Walker [Afrique du Sud], à droite, vainqueur de la finale du 100 mètres, photographie anonyme, 1908.
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Photos objet             Course de vitesse
© Art Directors & TRIP / Alamy 

Le XIXe siècle (vers 1865) a vu l’introduction d’une chaussure de course à talons entièrement en cuir. C’est encore le cas lors des Jeux Olympiques londoniens. En 1890, Joseph William Foster avait inventé une nouvelle chaussure de course à pointes pour améliorer les performances. À la veille des Jeux Olympiques, les cordonniers ont commencé à coudre des lanières de cuir séparées sur le dessus des chaussures pour éviter les déformations, imposant un design pour les générations suivantes. En Allemagne, les frères Rudolf et Adolf Dassler lancent les premières chaussures de sport en 1924. Suite à une dispute, Rudolf crée Puma en 1948 et Adolf rebaptise l’entreprise familiale en Adidas en 1949.