Photos Ota Benga [le second en partant de la gauche] et les pygmées du Congo. Exposition de Saint-Louis, photographie anonyme, 1904.
Ota Benga [le second en partant de la gauche] et les pygmées du Congo. Exposition de Saint-Louis, photographie anonyme, 1904.
© South Caroliniana University library
1904 l Saint-LouisOta BENGADignité

1904 ı Saint-Louis Dignité Ota BENGA

Exposition Histoire, Sport et Citoyenneté. Des Jeux olympiques d’Athènes 1896 aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Panneau 3 : 1904 ı Saint-Louis ı Dignité ı Ota BENGA ı IIIe Olympiade ı Gymnastique. © CASDEN

Ota Benga est alors exhibé à Saint-Louis dans un véritable « zoo humain », avant de participer, avec une centaine d’autres « indigènes », à des olympiades particulières.

Portrait Ota BENGA

Dignité

En 1904, le jeune pygmée Mbuti Ota Benga est capturé au Congo, après que sa femme et ses enfants aient été tués, puis vendu à Samuel Phillips Verner, homme d'affaires et missionnaire américain. Ota Benga est alors exhibé à Saint-Louis dans un véritable « zoo humain », avant de participer, avec une centaine d’autres « indigènes », à des olympiades particulières : les Jeux anthropologiques. Si l’objectif officiel est de vérifier leurs réelles capacités physiques dites « naturelles », il existe une volonté plus implicite de rendre évidente aux yeux du monde la supériorité de la « race blanche » sur les « sauvages ».

Ces « étranges compétiteurs » (Sioux, Pawnees, Aïnous, Cocopas, Syriens, Patagoniens, Zoulous, Pygmées, Moros, Igorots…) s’affrontent pendant deux journées dans le cadre de disciplines dont ils ignorent tout, de la pratique au règlement. Les Pygmées sont présentés comme « malicieux » et ne prenant rien au sérieux, excepté leurs jeux traditionnels. Malgré leur dignité, leurs piètres performances sportives sont raillées eu égard aux potentialités attendues, surtout lorsque Ota Benga et ses compagnons pygmées succombent à l’un de leurs « passe-temps » : le lancer de boue.

Photo Ota BENGA
© Missouri History Museum

Archives autour des épreuves des Jeux Olympiques de 1904

Les Jeux Olympiques de 1904 sont les premiers à mettre en jeu des médailles d’or. La boxe, la lutte libre, le décathlon et l’haltérophilie intègrent le programme olympique. Retour sur les moments forts de ces épreuves. 

Dignité

Largement relayé par la presse, ce spectacle contribue à légitimer l’idée qu’il est normal d’imposer le modèle américain partout dans le monde car, comme le déclare l’homme politique américain Henry Cabot Lodge aux étudiants d’Harvard en 1896 : « Le temps consacré aux compétitions athlétiques et les blessures subies sur le terrain de sport font partie du prix que la race anglophone a payé pour être la conquérante du monde. »

La piètre performance d’Ota Benga au lancer du poids de 7 kilogrammes à 3 mètres, associée à celle de son compère Lamba, qui termine dernier à la course du 100 yards, en plus de 14 secondes, sont qualifiées par le rapport officiel comme « vraiment ridicules » et « prouvent de façon concluante que le sauvage n'est pas l'athlète naturel que l’on a bien voulu nous faire croire ». Deux ans plus tard, Ota Benga est exposé dans le zoo du Bronx par le docteur William Hornaday en compagnie de chimpanzés, d’un orang-outan et d’un gorille, sous l’appellation de « vieux ancêtres de l’homme ». Libéré après l’intervention de militants africains-américains, Ota Benga est alors placé dans un orphelinat, puis accueilli en Virginie où il reçoit une éducation américaine. Comprenant que son retour en Afrique est impossible du fait du déclenchement de la Première Guerre mondiale, il se suicide en 1916, âgé seulement d’une trentaine d’années.

Photos Ota Benga jouant de la trompe traversière. Exposition de Saint-Louis, photographie anonyme, 1904.
Ota Benga jouant de la trompe traversière. Exposition de Saint-Louis, photographie anonyme, 1904.
© DocAnciens/docpix

Reportage sur le marathon olympique de Saint-Louis

Len Tau et Jan Mashiani, deux Zoulous, sont les premiers Africains à participer aux Jeux Olympiques. Le coureur britannique Thomas Hicks se voit administrer plusieurs doses de strychnine par ses entraîneurs — un poison qui, à petites doses, stimule le système nerveux — mélangées à des blancs d'œufs puis à de l'eau-de-vie.

Une mascarade outrageante

—   Pierre de Coubertin (au sujet des Jeux antropologiques), 1904   —

IIIe Olympiade
1er JUILLET-23 NOVEMBRE 1904

Saint-Louis ı ÉTATS-UNIS

Athlètes

(0,92 % DE SPORTIVES)

Sports

 

Épreuves

Image Olympic Games. World’s Fair. Exposition[nbsp]Saint-Louis,[nbsp]affiche signée St. John,[nbsp]1904.
© Musée national du Sport de Nice
Olympic Games. World’s Fair. Exposition Saint-Louis, affiche signée St. John, 1904.
Image Exposition universelle et internationale de[nbsp]Saint-Louis, affiche
signée Alphonse[nbsp]Mucha, 1904.
© BDM/DR
Exposition universelle et internationale de Saint-Louis, affiche
signée Alphonse Mucha, 1904.

Jeux
Paralympiques

- (début en 1960)

Nations

 

Jeux d'hiver

- (début en 1924)

Classement

ÉTATS-UNIS ALLEMAGNE CUBA

Le New York Athletic Club, l’équipe gagnante au relais en natation, photographie anonyme, 1904.
Le New York Athletic Club, l’équipe gagnante au relais en natation, photographie anonyme, 1904.
© Missouri History Museum
Le directeur de l’exposition avec le sprinteur Archie Hahn [États-Unis], photographie anonyme, 1904.
loader
Le directeur de l’exposition avec le sprinteur Archie Hahn [États-Unis], photographie anonyme, 1904.
© Missouri History Museum

À nouveau perdus dans une Exposition universelle, les troisièmes Jeux Olympiques s’insèrent dans un programme sportif rassemblant, sur plus de deux mois, près de 400 compétitions pour 9.000 participants. 651 athlètes — dont six femmes au tir à l’arc (0,92 %) — issus de 12 nations, s’opposent dans 91 épreuves officiellement reconnues olympiques. L’Europe est peu présente. De ce fait, les Américains remportent 242 médailles sur les 285 mises en jeu. Aucun Français ne se rend à ces Jeux Olympiques, faute de crédit, hormis un athlète, vivant aux États-Unis, Albert Corey, second du marathon.

Ces Jeux Olympiques sont les premiers au cours desquels des médailles d’or sont attribuées. La boxe, l’haltérophilie, le décathlon et la lutte de style libre y font leurs débuts. Le vainqueur du marathon est alors l’Américain Thomas Hicks, puisque son compatriote Fred Lorz a été disqualifié lorsqu’il a été révélé qu’il avait parcouru une bonne partie de la course en voiture… L’histoire ne se termine pas là… Un proche de Thomas Hicks, Charles Lucas, avouera quelques temps plus tard lui avoir donné à deux reprises du sulfate de strychnine associé à une large rasade de brandy pour terminer le parcours. Le danger du dopage sur la santé des athlètes comme sur l’équité sportive n'a pas encore pénétré les mœurs. En effet, le rapport officiel de la course juge bon d’évaluer positivement ces faits. Enfin, Archie Hahn vainqueur des 60 mètres, 100 mètres et 200 mètres est l’un des héros de ces Jeux Olympiques. Il bat également le record olympique du 200 mètres avec un temps de 21,6 secondes, performance qui restera inégalée pendant 28 ans.

Les Jeux Olympiques n’échappent pas à la montée des idéologies racistes du début du XXe siècle. Malgré l’esprit universel qu’on veut y voir présider, Saint-Louis reflète les préjugés sexistes et raciaux de leurs organisateurs. Ils sont l’occasion de discuter des mérites athlétiques des différentes « races ». Les Jeux Olympiques sont ainsi précédés par des « journées anthropologiques » (ou Jeux anthropologiques), des compétitions sportives réservées à ceux que l’Amérique du moment considère comme des « primitifs », au grand dam du baron Pierre de Coubertin qui condamne cette initiative. Les Jeux anthropologiques, associés aux Jeux Olympiques et aux diverses rencontres sportives de l’Exposition universelle, renforcent les préjugés sur la supposée supériorité de la « race » blanche, tout en mettant en avant la toute puissance américaine en matière de sport.

Reportage sur l’héritage olympique dans la ville de Saint-Louis, interview de Michael Loynd

Michael Loynd, président du Comité de l'héritage olympique de Saint-Louis, revient sur l'héritage de Saint-Louis en tant que ville olympique. Première édition non européenne, les compétitions olympiques sont dispersées sur une période de plus de quatre mois et demi, au beau milieu de l'Exposition universelle fêtant l'achat de la Louisiane à la France. 

Course du 200 mètres haies. Harry Livingston Hillman et George Poage [États-Unis], photographie anonyme, 1904.
loader
Course du 200 mètres haies. Harry Livingston Hillman et George Poage [États-Unis], photographie anonyme, 1904.
© Missouri History Museum

Gymnastique

Cette discipline, dont les origines remontent à la Renaissance, est redécouverte et transformée au XIXe siècle. Elle figure aux Jeux Olympiques dès 1896. À Saint-Louis, le gymnaste américain George Eyser, appareillé d’une jambe de bois, décroche six médailles dont trois en or, devenant le premier athlète handicapé physique (paralympique) de l’Histoire. Les bases d’un programme olympique complet sont définies en 1924 à Paris, année durant laquelle apparaissent les compétitions par engin masculines (déjà utilisées en 1896), individuelles et par équipe. Depuis les premiers Jeux modernes et durant 30 ans, seuls les hommes sont autorisés à concourir. En 1928, les femmes sont admises à Amsterdam.

Photos Barres parallèles, photographie anonyme, 1904.
Barres parallèles, photographie anonyme, 1904.
© Missouri History Museum
Photos objet             Gymnastique
© Musée national du Sport Nice

À l'origine, le cheval d'arçons est une pièce de bois en forme de cheval, utilisée pour y poser une selle. Les arçons sont les deux pièces de bois cintrées formant la structure de la selle. Au XIXe siècle, les gymnases accueillent les premiers chevaux d'arçons (en bois et cuir) pour l'éducation physique devenant un des six agrès en gymnastique artistique masculine. Les mouvements de cet appareil sont toujours circulaires, que ce soit le mouvement de base qui est un cercle, jusqu'aux ciseaux américains.