1900 ı Paris Patriotisme Constantin HENRIQUEZ
Constantin Henriquez entre dans l’Histoire au cours de ces Jeux Olympiques comme le premier athlète de « couleur » champion olympique.
Portrait Constantin HENRIQUEZ
Patriotisme
Très sportif, l’Haïtien Constantin Henriquez s’adonne à sa passion : le rugby. Il arrive en France en 1893 et parallèlement à sa scolarité il s’entraîne à Paris au « football-rugby », comme on appelle alors la discipline, au sein de l’Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques (USFSA). Il rêve de participer, comme certains de ses camarades d’Albert-le-Grand d’Arcueil aux premiers Jeux Olympiques modernes organisés en 1896, mais ne parvient pas à être qualifié. Il joue dans les plus grands clubs de rugby, le plus souvent au poste de troisième ligne, ou trois-quarts aile ou bien trois-quarts centre. Il décroche alors de nombreux titres dont celui de vice-champion de France en 1895 avec l’Olympique de Paris.
Cinq ans plus tard, il porte indirectement, étant membre de l’USFSA, les couleurs de la France lors des Jeux Olympiques parisiens de 1900 à une époque où les athlètes s’engageaient d’abord à titre individuel. Constantin Henriquez joue alors au Stade Français, et c’est ainsi qu’il est recruté avec un de ses amis. Les clubs français affrontent ceux d’Allemagne et du Royaume-Uni au vélodrome de Vincennes devant 6.000 spectateurs. Gagnant leurs matchs, Constantin Henriquez et ses équipiers remportent la première place le 28 octobre 1900.
Archives sur le Bois de Vincennes, regroupant la plupart des épreuves en 1900
En 1900, la moitié des épreuves se déroulent dans le Bois de Vincennes. Le vélodrome Jacques-Anquetil, anciennement vélodrome de la Cipale, site emblématique de ces Jeux Olympiques qui a accueilli des nombreuses épreuves, est le seul site encore visible aujourd’hui.
Voir la vidéoIl démontre que le patriotisme peut dépasser l’idée même de citoyenneté puisqu’il n’est pas français. La France est alors sa patrie de cœur, celle qui lui a donné la possibilité de faire des études et de devenir médecin. Constantin Henriquez entre aussi dans l’Histoire au cours de ces Jeux Olympiques comme le premier athlète de « couleur » champion olympique. On a souvent, à tort, pensé qu’il avait aussi gagné un second titre dans l’épreuve de lutte à la corde (tir à la corde), discipline alors très populaire en France. En réalité, c’est un quasi-homonyme qui remporte ce titre, le Franco-Colombien Francisco Henríquez de Zubiría.
Passionné de sport, amateur multi-disciplines, Constantin Henriquez revient dans son pays deux ans plus tard — après avoir gagné le championnat de France avec le Stade Français en 1901 (comme en 1899) — et introduit le football en 1904. Il marque alors le premier but pour son pays lors d’une rencontre officielle. Il est aussi à l’initiative de la création de l’Union Sportive Haïtienne, second plus vieux club de sport de l’île et, avec l’aide de son frère Alphonse qui est sénateur, il devient le premier président du Comité Olympique haïtien en 1906.
Archives sur les épreuves oubliées des Jeux Olympiques de 1900
Les Jeux Olympiques de 1900 sont les premiers Jeux Olympiques auxquels les femmes peuvent participer. Ils regroupent de nombreuses disciplines originales, comme le tir à la corde, mais également la conduite de montgolfière ou le sauvetage.
Voir la vidéo“ Le sport en 1900 a gravité autour de cet unique foyer, Paris. ”
— Le Vélo, 1900 —
IIe Olympiade
14 MAI-28 OCTOBRE 1900
Paris ı FRANCE
Athlètes
997 (2,20 % DE SPORTIVES)
Sports
19
Épreuves
95
Jeux
Paralympiques
- 00 (début en 1960)
Nations
24
Jeux d'hiver
- 00 (début en 1924)
Classement
France ÉTATS-UNIS GRANDE-BRETAGNE
Au congrès olympique de 1894, Pierre de Coubertin souhaite que Paris soit choisie pour organiser les premiers Jeux Olympiques de l'ère moderne. Mais il manque de soutien et décide d’accepter la candidature d'Athènes pour éviter que Londres ne soit retenue. Il obtient néanmoins que Paris organise les Jeux suivants, prévus en 1900.
En 1900, le Comité International Olympique (CIO) profite de l’opportunité de l’Exposition universelle parisienne mais en subit les contraintes. Simple « attraction », les Jeux se tiennent sur une longue période de cinq mois. De plus, le statut olympique des épreuves sportives est si peu valorisé que parmi les participants aux épreuves, c’est en réalité seulement un millier d’athlètes qui seront finalement reconnus officiellement par le CIO quelques années plus tard, dont 22 femmes (2,20 %). En effet, le CIO ne reconnaîtra que 95 épreuves sur les presque 500 inscrites au programme en 1900. De fait, Pierre de Coubertin déclarera plus tard : « c’est un miracle que le mouvement olympique ait survécu à cette épreuve. » L’organisation est assez chaotique, à l’image de l’aventure que connaît Margaret Abbott : elle participe à la compétition de golf qu’elle pense être organisée dans la cadre de l’Exposition universelle parisienne. Elle rentre aux États-Unis sans savoir qu’elle a remporté la première place dans le cadre des Jeux Olympiques.
Dans de nombreux sports comme en polo, voile, athlétisme, aviron ou encore en tennis, des épreuves sont remportées par des équipes composées d’athlètes de différentes nationalités — à l’image du rugby avec l’Haïtien Constantin Henriquez. Les premières femmes à entrer en piste, au croquet, sont les Françaises Jeanne Filleaul Brohy, Marie Ohnier et Suzanne Desprès. La première « primée » de l’Histoire — la gagnante reçoit une couronne d’olivier et une médaille d’argent, la deuxième une médaille de bronze et une couronne de laurier – sera la Britannique Charlotte Cooper en tennis. Chez les hommes, la star de ces Jeux Olympiques est l’athlète étasunien Alvin Kraenzlein, vainqueur de quatre épreuves individuelles d’athlétisme — un record, égalé en 1924 par Paavo Nurmi, avec cinq médailles d’or… dont quatre en épreuves individuelles : le 60 mètres, le 110 mètres haies, le 200 mètres haies et le saut en longueur.
Aperçu de l'Exposition universelle de Paris 1900 (2012)
Partez à la découverte de Paris en 1900, qui, en plus d’accueillir cette deuxième édition des Jeux Olympiques, est également le lieu de l’Exposition universelle, regroupant des pavillons du monde entier.
Tir à la corde
Les jeux modernes l’intègrent en 1900 sous le nom de « lutte à la corde » jusqu’aux Jeux de 1920 où, comme plusieurs autres sports, ils sont retirés du programme. En 1900, c’est une équipe mixte — composée de Suédois et de Danois, donc de plusieurs nationalités — qui gagne l’épreuve, alors que la France obtient la seconde place (à cette époque, seules deux équipes participent…). Les règles sont simples : la première équipe à tirer l’autre pour lui faire franchir une ligne est déclarée gagnante.
Aucune règle n’existe en 1900 pour la lutte à la corde. Plus tard, la fédération internationale fixe les règles : huit « tireurs », une corde de 10-12 cm de circonférence et de 33 mètres de long et des chaussures sans crampons.